Les bouleversements liés à la mondialisation des échanges, à la dégradation des espaces ou à l’obsolescence des modes de production traditionnels, ont conduit au changement de statut des biens qui nous entourent modifiant en conséquence le rapport des sociétés avec leur patrimoine. La notion de patrimoine culturel s'est en effet considérablement élargie au cours des dernières décennies, intégrant désormais les vestiges du patrimoine vernaculaire et industriel ainsi que les traditions et les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises de génération en génération. Le patrimoine culturel recouvre aujourd'hui « l'ensemble de ressources héritées du passé que des personnes considèrent, par-delà le régime de propriété des biens, comme un reflet et une expression de leurs valeurs, croyances, savoirs et traditions en continuelle évolution. Cela inclut tous les aspects de l’environnement résultant de l’interaction dans le temps entre les personnes et les lieux » (Convention de Faro, 2005).
Ainsi défini, le patrimoine culturel du massif du Canigó est remarquable et très varié. Territoire habité depuis les temps préhistoriques, sillonné au cours des siècles par des bergers, mineurs, muletiers, moines, chevaliers, scientifiques..., ces vestiges matériaux constituent la meilleure synthèse de l'aptitude des hommes à modifier l'environnement à leur avantage. On peut y découvrir un patrimoine très diversifié où toutes les périodes sont représentées : de monuments mégalithiques, des chefs-d’œuvre de l'art roman catalan, des châteaux et tours à signaux médiévaux, des morphologies villageoises authentiques avec leurs celleres castrales ou ecclésiastiques, des fortifications bastionnées du temps de Vauban, des cabanes, orris et murets en pierres sèches (les feixes) qui structurent les paysages, des fours à griller le minerai ou des colonies industrielles... Au regard de cette richesse, ce patrimoine est globalement bien protégé et mis en valeur, avec un site inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (Villefranche-de-Conflent), 108 Monuments historiques classés ou inscrits, 2 Pays d'art et d'histoire...
Monument naturel et culturel, le Canigó a convoqué l'imagination des hommes depuis l'Antiquité, inspirant de nombreux mythes qui ont revêtu la montagne du caractère légendaire qu'on lui reconnaît aujourd'hui. Transmis de bouche à oreille au cours des siècles, de nombreux récits traditionnels témoignent des croyances séculaires et d'un imaginaire local enraciné dans l'environnement et l'histoire des populations du massif. L'ensemble des récits, contes ou légendes, constitue un patrimoine collectif de grande valeur, tout comme les manifestations de la créativité populaire comme les sardanes, les goigs dels ous (les joies des œufs) – chantés le Samedi Saint pour la quête des œufs de Pâques –, ou les célèbres fêtes de l'ours de Prats-de-Mollo, Saint-Laurent-de-Cerdans et Arles-sur-Tech, qui se déroulent tous les ans entre février et mars, ouvrant les festivités du carnaval.
Enfin, la langue catalane est un élément essentiel de notre patrimoine culturel immatériel : elle en constitue le vecteur fondamental. En effet, c'est dans la langue vernaculaire que cette tradition orale a été transmise jusqu'à aujourd'hui, plus précisément dans sa variété roussillonnaise.
Office public de la langue catalane
Depuis plusieurs décennies, de très nombreux acteurs des Pyrénées-Orientales, institutions, élus, associations, citoyens mènent des actions destinées à la préservation, à la promotion et au développement de la langue catalane. La création de l’Office public de la langue catalane permet de rassembler l’ensemble des acteurs publics et privés œuvrant au service de l’enseignement, du développement et de l’usage régulier de la langue catalane. Etat, collectivités, scientifiques et associations ont fait le choix de se regrouper et de gérer ensemble ce premier dispositif au service de la politique linguistique.
Oficina pública de la llengua catalana
Des de fa decennis, molts actors dels Pirineus-Orientals, institucions, elegits, associacions, ciutadans porten a terme accions destinades a la promoció i al desenvolupament de la llengua catalana. La creació de l’Oficina pública de la llengua catalana permet de reunir el conjunt dels actors públics i privats al servei de l’ensenyament, del desenvolupament i de l’ús regular de la llengua catalana. Estat, col·lectivitats, científics i associacions han triat de reagrupar-se i de gestionar aquest primer dispositiu al servei de la política lingüística.